Page:Segalen - René Leys.djvu/106

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Central de la Police Secrète, il prononce familièrement de la « P. S. » et dépouille les rapports qui viennent s’y concentrer de tous les côtés, de tous les clans, de tous les recoins des Yamen, de toutes les cuisines et conciergeries des Légations Européennes, Américaines et Nippones.

Le personnel est inégal : dans les hauts grades, ce sont de grands mandarins ; tout en bas, des palefreniers, des valets, qui, recevant une lettre à porter, la transmettent tout droit au « Bureau Central », où elle est habilement décachetée (opération fort délicate, car le papier chinois craint la vapeur), puis enregistrée, lue, copiée, et d’où elle parvient, avec à peine une heure de retard, à son destinataire dont la réponse suit une étape identique. Chacun de ces honorables fonctionnaires, grands ou petits, est redevable d’un « rapport mensuel ». Il le communique à son supérieur immédiat, le seul qu’il connaisse, qui le fait parvenir à la tête, laquelle reste ignorée de tous les membres…

C’est méthodique et bien administré. C’est d’un naturel évident. J’attachais peu d’importance aux quelques mots tirés à ce sujet de Maître Wang : j’éprouve tout d’un coup, pour lui, une certaine considération. Quant à l’endroit de René Leys qui m’explique d’autorité tout cela, c’est de l’enthousiasme, de l’admiration prête à crever comme le gros nuage qui, insolemment, se promène dans la nuit supérieure…