Page:Segalen - René Leys.djvu/157

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tumé en Mandchou… c’est tout à fait défendu.

— Par exemple ! J’ai une mémoire impitoyable, indiscrète. Je suis sûr d’avoir enregistré tout cela.

Si j’étais franc, je dirais : d’avoir écrit tout cela. Je commence à le connaître comme un jeu d’esprit de moi-même… Ce brave petit René Leys, j’en arrive presque à deviner ce qu’il va me dire… ce qu’il me dit :

En effet, sa voix change tout à coup :

— Vous m’excuserez de n’être pas venu depuis quelques nuits. J’étais au Palais, et assez occupé… J’étais…

Il n’hésite pas :

— J’étais convoqué pour une audience.

— Une audience… de nuit ? Mais le Régent ne couche pas au Palais ! Alors, le Petit Empereur de cinq ans ?

Il ne répond pas. J’insiste :

— Je ne vois vraiment personne autre que Lui…

— Et l’Impératrice, reprend modestement René Leys.

C’est vrai, et assez peu galant. J’oubliais l’Impératrice actuelle… et pourtant, c’est moi qui la lui avais signalée ; et j’avais, pour la première fois, prononcé le nom. Depuis la mort en beauté féroce de la Terrible Douairière, Tseu-Hi, qui, sous son règne ou plus exactement sous elle, tua un mari-Empereur, un fils de sa chair, Empereur, un neveu, fait par elle Empereur, et gouverna plus fort et plus