Page:Segalen - René Leys.djvu/183

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sais comment l’on s’étend sur le lit tiède, fait de briques creuses, adouci de coussins de soie, et qu’en hiver on chauffe par la bouche extérieure comme un four, en y brûlant des herbes odorantes. Grâce à lui, je pénètre véritablement le milieu le plus intime du Palais. Ce jeune homme est jeune au point de donner comme histoires amicales et amusantes tout ce qu’un homme fait, dompteur de femmes, tient à cœur de garder jalousement pour lui. C’est ainsi que j’apprends sans détours « qu’elle est moins grasse que ne la représentent ses portraits » — et que, même déshabillée, elle garde toujours ce « petit triangle de soie qui pend entre les seins et le ventre, et forme une ceinture un peu haute, à la mode mandchoue »… Le reste, tout le reste, m’est livré en peu de mots.

Alors, pourquoi m’épuiser à épiloguer sans but sur le petit triangle de soie… — peut-être préservateur hygiénique à l’encontre du froid ombilical ? peut-être l’attribut d’un tiers-ordre bouddhique, peu connu et qui purifie tous les gestes, tous les plaisirs coupables du déduit ?…

Il continue :

— Quand l’hiver arrive, le lit de briques est officiellement réchauffé. La chaleur se répand de là dans toutes les salles, et les boiseries se mettent à sentir bon. On les a faites exprès en bois de santal et de cèdre. Alors tout le Palais se met à sentir bon.