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22 novembre 1911. — Et, pour la dernière fois, le referme non sans y écrire ce qui suit. J’ai relu ce manuscrit, mot par mot, dans un corps à corps et une émotion grandissante, non plus avec mon doute ni ma défiance, — mais établissant l’irrécusable certitude de ma propre culpabilité.

René Leys ne s’est pas tué. On ne l’a pas empoisonné. Et pourtant il est bel et bien mort par le poison. (Ce paradoxe est le plus véridique des aveux.) Le poison : c’est moi qui le lui ai proposé, — certes le plus méchamment du monde —, c’est de moi qu’il l’a reçu, accepté et bu… et cela, depuis notre première entrevue…

René Leys, fils économe d’épicier belge, ne songeait guère aux Chinois, encore moins au palais, quand, pour la première fois, je l’ai pris pour confident du mystère du Palais… Il est vrai que sa réponse dépassait déjà mon attente. C’est moi le premier, qui, sur la foi de Maître Wang, l’entretint de l’existence d’une Police Secrète : huit jours après, il en faisait partie, et m’enrôlait au bout de deux mois. Les attentats à la vie du Régent ne m’appar-