Page:Segalen - René Leys.djvu/33

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Je dis :

— Avez-vous remarqué comme la route sonnait creux ?

— Non… Ah ! oui, peut-être… C’est un égout du Palais…

— Un égout ?… ou un aqueduc ? Au fait, par où les eaux des trois lacs entrent-elles au Palais ?

Il n’en sait rien. Il ne sait rien du Palais, sauf tout ce que « les gens » en connaissent : l’extérieur, le crépissage. Je lui propose de rentrer avec moi.

— Par le nord ?

— Par le nord, si c’est possible.

Je me suis perdu une ou deux fois sans arriver à contourner le ras des remparts.

— C’est possible. Excusez-moi…

Il passe devant et s’engage dans un lacis de ruelles. Voilà que le mur se poursuit de tout près, avec des à-coups ; on le perd, on le rattrape, on s’en écarte, on le rejoint à travers des places vagues encombrées de fumiers et d’enfants. L’itinéraire que je croyais constant à angles droits dans la grande ville échiquière, prend le dessin d’une « marche du cavalier ».

Mon Professeur conduit grand train, avec des ralentis placés juste pour prendre, au trot serré, les tournants étriqués par les ruelles… Il est certain que ce chemin suit de tout près, et bien mieux que je n’osais le faire, la Grande Enceinte Interdite, que l’on toucherait, par moments, à travers le fossé