Page:Segalen - René Leys.djvu/46

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11 mai 1911. — Journée sotte. Maître Wang, comme vidé tout d’un coup de ce qu’il avait à me dire sur le Palais, — se dégonfle, s’épuise, se répète, revient à son catalogue-annuaire des Fonctions, à son numérotage de Princesses, Concubines et Suivantes. J’ai très envie de lui demander impoliment quel était le chiffre ordinal de sa propre épouse, au Palais : trente-troisième laveuse de vaisselle, ou quatre-vingt-quinzième suppléante suiveuse en expectative d’emploi ?

… Je rabats toute ma mauvaise humeur sur mon excellent voisin Jarignoux. Je lui dois, vraiment, la visite que je lui fais, — et dont c’est la seule raison d’être ; car j’ai bien réfléchi sur son cas : décidément, il a fort mal joué en se faisant Chinois.

Au moins, qu’il serve à quelque chose. Avec une grande bonhomie, un air absent, je ramène entre nous la personne du petit Belge, qu’il a si carrément refusé de reconnaître, l’autre jour, chez moi. Voici que, tout d’un coup, le voisin se met à le connaître. Il le connaît certes bien puisqu’il en dit aussitôt pis que pendre : — ou peu de chose, après tout.

— Monsieur, c’est un fameux noceur !