Page:Segrais - L’Énéide (Tome 1), 1719.djvu/196

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sont aux forêts les toiles assemblées,
Les dards au large fer, et les meutes couplées,
Et des Massiliens les célèbres piqueurs.
Enfin paraît la Reine au milieu des chasseurs :
Sa superbe casaque à Sidon travaillée
Brille d’un art exquis, sur les bords émaillée ;
Un riche diamant luit sur l’agrafe d’or ;
Du métal précieux sa trousse luit encor ;
Un cordon éclatant serre la double tresse
De ses cheveux noués d’une savante adresse.
Bientôt se vient mêler aux chasseurs Tyriens
Ascagne accompagné de la fleur des Troyens.
Mais surtout le Héros dans son air, dans sa mine,
Fait voir tous les appas de sa mère divine.
    Tel du Xanthe glacé quittant l’âpre séjour,
Apollon en Délos fait son heureux retour,
Les Agathyrses peints d’un pied léger bondissent ;
Autour de ses autels les Dryopes frémissent ;
Sur le sommet de Cinthe, il court parmi le bois,
Et laisse de son dos pendre un riche carquois ;
Un laurier immortel serre ses tresses blondes ;
Une divine odeur s’exhale de leurs ondes.
    Tel parut le Héros en habit de chasseur,
Tant on vit dans ses yeux d’éclat, et de douceur.
Enfin quand sur les monts, sous l’agréable ombrage,
Arrive des chasseurs le superbe équipage,
Au bruit qui se répand dans les forts écartés,
Des timides chevreuils, des daims épouvantés
Sur les âpres rochers on voit bondir la troupe ;
Les cerfs des monts hautains abandonnent la croupe ;
La terreur les assemble, ils fendent les sillons,
Et la poudre après eux vole par tourbillons.
Ascagne plein d’ardeur sur un coursier s’avance,
A la tête de tous impatient s’élance,