Page:Segur - Actes des Apotres.djvu/251

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l’Évangile avec tant de bonté, de douceur ; il fit des miracles si nombreux et si frappants, qu’il en convertit une quantité prodigieuse. Entre autres conversions, il en opéra une qui paraissait impossible. C’était un vieillard de soixante-quatorze ans qui avait passé sa vie dans la débauche et la crapule ; il s’appelait Nicolas.

Armand. Qu’est que c’est : crapule ?

Grand’mère. Cela veut dire une vie abominable, remplie de mauvaises actions, d’ivrognerie, de saletés, de méchancetés de toutes sortes. Ce Nicolas était très-lié avec une femme aussi méchante, aussi mauvaise que lui. Un jour, il se trouva avoir sur lui, par hasard, le livre de l’Évangile écrit par saint Matthieu.

Louis. Comment un si mauvais homme pouvait-il avoir un si bon livre ?

Grand’mère. C’était probablement quelque nouveau Chrétien qui le lui avait donné. Il avait donc ce livre dans sa poche sans y penser, et il alla voir cette mauvaise femme pour se divertir et s’enivrer avec elle.

Mais aussitôt qu’il fut entré, la femme lui dit de s’en aller bien vite, parce qu’il avait sur lui quelque chose de divin dont elle ne pouvait supporter la présence. Nicolas, tout ému et surpris, alla trouver saint André et lui raconta ce qui venait de lui arriver. Il en était si troublé que le saint Apôtre profita de cette terreur pour lui faire honte de sa vie passée et pour le presser de se convertir. Nicolas y consentit, mais il ne voulut pas s’y décider tout de suite.

Saint André jeûna pendant cinq jours pour obtenir de son Divin Maître le salut de cette âme. Une voix du Ciel lui dit