Page:Segur - Actes des Apotres.djvu/255

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rité, est néanmoins rempli de douceur, de bonté, d’indulgence, qu’il cherche à rendre heureux tous ceux qui dépendent de lui, qui vivent avec lui. Il soulage leurs misères, il leur épargne des souffrances, il les console dans leurs chagrins. Égée était comme tous les païens, orgueilleux, despote, égoïste, inhumain.

Élisabeth. Mais, Grand’mère, je connais des Chrétiens qui ont tous ces défauts et qui n’ont de charité pour personne.

Grand’mère. C’est que ce ne sont pas de vrais Chrétiens, chère enfant ; ils ne le sont que de nom. Ils feraient peut-être comme Égée, s’ils étaient à sa place.

Quoi qu’il en soit, la menace d’Égée n’effraya pas saint André, qui lui répondit : qu’il offrait tous les jours un sacrifice ; que ce sacrifice était celui de l’Agneau sans tache, de Jésus-Christ lui-même, qui, après avoir été reçu chaque jour par chacun des fidèles, restait toujours vivant et entier. « Car, ajouta-t-il, je ne reconnais vos dieux que comme des démons abominables, indignes d’honneur et de respect. Et quant au supplice de la croix dont vous me menacez, sachez que c’est là l’objet de mes désirs, et que je ne serai jamais plus joyeux que lorsque je m’y verrai attaché comme l’a été mon Divin Maître. »

Le proconsul, irrité de ce discours, fit enfermer le saint Apôtre dans une affreuse prison, espérant que les souffrances qu’il y endurerait, le feraient changer de sentiments.

Mais à peine y fut-il, qu’une multitude d’hommes qui avaient saint André en grande vénération se rassemblèrent pour briser les portes de la prison et pour mettre l’Apôtre en liberté.