Page:Segur - Actes des Apotres.djvu/256

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Valentine. À la bonne heure ; ce sont de braves gens ! C’est très-bien ce qu’ils font.

Grand’mère. Mais saint André ne les laissa pas faire ; car aussitôt qu’il fut informé de leur projet, il fut rempli de douleur et il demanda à parler à cette foule irritée. Ne sachant quel autre moyen prendre pour calmer la fureur de ce peuple, Égée lui en accorda la permission.

L’Apôtre leur rappela que Notre-Seigneur avait enduré patiemment les tourments de sa Passion sans se défendre et sans permettre qu’on le défendît. Il les conjura par le sang et la mort de leur Divin Maître, de ne pas changer en une sédition diabolique la paix qu’il avait apportée au monde.

« Ce que vous devez faire, leur dit-il, c’est de vous préparer vous-mêmes à mourir. Le Chrétien ne devient pas victorieux en se défendant, mais en mourant. Les supplices qui sont à craindre ne sont pas ceux qu’on endure en cette vie, mais ceux qui sont préparés aux impies, en enfer. Au lieu de vouloir tuer Égée, vous devez avoir plutôt de la compassion pour lui, puisqu’il se rend digne de ces tourments éternels ; bientôt viendra le temps où nous serons récompensés de nos souffrances, et où, lui, sera rigoureusement puni de sa cruauté. »

Camille. Grand’mère, je trouve ce discours bien beau ! Et quelle générosité, quelle charité déploie ce grand Apôtre !

Grand’mère. Oui, chère petite, on sent que c’est l’homme de Dieu, l’Apôtre de Jésus-Christ qui parle. Aussi produisit-il un tel effet sur les milliers de Chrétiens qui l’entouraient, que tous se retirèrent calmes et tristes.

Henriette. Pourquoi tristes ?