Grand’mère. Parce qu’ils savaient qu’Égée ferait mourir saint André dans les tourments et qu’ils seraient privés à l’avenir de ce saint homme.
Jeanne. Égée aura été, sans doute, reconnaissant du grand service que lui avait rendu le bon saint André.
Grand’mère. Il a été aussi ingrat que méchant. Le lendemain de ce jour, il envoya chercher André, le fit comparaître devant son tribunal et lui dit :
« Je pense que tu as réfléchi cette nuit à mes paroles, et que tu as changé de sentiment et de résolution.
— Bien loin d’en avoir changé, répondit le saint Apôtre, je souhaite avec la même ardeur d’attirer tout le monde à mon Seigneur Jésus, et d’abolir entièrement le culte des idoles. C’est à quoi j’ai travaillé dans cette province, et j’ai la consolation d’avoir éclairé bien des gens et de les avoir gagnés à mon Sauveur.
— C’est de quoi je me plains, reprit Égée avec colère ; je veux que tu renonces à ta superstition et que tu répares le mal que tu as fait par tes folles prédications. Les temples de nos dieux sont déserts maintenant, leur culte est abandonné. C’est toi qui es l’auteur de cet abandon, il faut que tu y portes remède. Si tu continues à t’y refuser, le supplice de la croix t’est assuré, et personne ne pourra te sauver de ma colère.
— Ô fils de la mort, s’écria André, demeureras-tu toujours dans ton aveuglement ? Crois-tu que je craigne les tourments dont tu me menaces ? Sache au contraire que je les désire avec ardeur. Plus je souffrirai, plus la récompense que je recevrai des mains de mon Seigneur sera belle et précieuse.