Page:Segur - Actes des Apotres.djvu/258

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La seule chose qui me peine, c’est de te voir si obstiné dans ton erreur. »

Égée ne comprit rien à cet amour ardent pour un Dieu crucifié et pour des hommes inconnus au saint Apôtre. Il le traita d’extravagant et d’insensé, et le fit fouetter cruellement.

Les bourreaux exécutèrent la sentence avec une grande barbarie ; le corps d’André fut tout déchiré. Ce supplice fut rendu plus cruel encore par le froid rigoureux qui entrait dans ses plaies, et qui lui causait des douleurs insupportables. Mais, loin de diminuer son courage, ces souffrances augmentèrent encore son désir de mourir pour son Divin Maître.

Ramené devant le proconsul, il lui parla avec le même courage, le suppliant d’ouvrir les yeux à la vérité et de sauver son âme.

« Pense, lui dit-il, à la peine terrible que tu te prépares dans l’enfer, vers lequel tu te précipites. Les souffrances dont tu me menaces ne peuvent durer qu’un jour ou deux, et seront suivies d’une gloire et d’un bonheur éternels ; mais tes souffrances à toi ne finiront et ne diminueront jamais. »

Égée, de plus en plus irrité, voyant qu’André restait inflexible dans ce qu’il appelait sa folie, ordonna enfin qu’il fût attaché à la croix. Mais pour rendre son supplice plus long, il commanda qu’on l’y attachât avec des cordes, en place des clous qui lui feraient perdre tout son sang et hâteraient sa mort.

Le peuple se rassembla en murmurant, et criant :

« Qu’a fait ce juste, cet ami de Dieu, pour être ainsi mis à mort ? Il ne faut pas souffrir que cet arrêt inique soit exécuté ! »