Page:Segur - Actes des Apotres.djvu/260

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ferais des cris épouvantables et je demanderais grâce tant que je le pourrais.

Grand’mère. Mais si, pour prix de cette grâce, on t’ordonnait de renier Notre-Seigneur, l’accepterais-tu ?

Madeleine. Non, non, Grand’mère, non, jamais !

Grand’mère. Alors, tu serais dans les mêmes sentiments que saint André, sauf la force qui te manquerait pour souffrir avec joie comme lui ; ta nature humaine, plus faible que la sienne, moins aguerrie aux privations, aux souffrances, laisserait paraître une terreur bien naturelle.

Cette merveilleuse ardeur du saint Apôtre était la conséquence nécessaire et la juste récompense de ses rudes et continuels travaux pour la gloire de Notre-Seigneur.

Lorsqu’il fut près de la croix, il se déshabilla lui-même, donna ses vêtements aux bourreaux et monta tout seul sur la croix préparée pour lui. Il y fut attaché avec des cordes, d’après l’ordre du proconsul.

Henriette. Grand’mère, il me semble que les cordes devaient moins faire souffrir que les clous.

Grand’mère. Les premiers moments devaient être moins terribles en effet ; mais comme on était obligé de serrer très-fortement les cordes pour maintenir le corps sur la croix, il survenait bientôt un engourdissement qui devait être horriblement douloureux. De plus, comme le crucifié ne perdait pas de sang, il vivait plus longtemps.

Ainsi, saint André resta trois jours attaché sur la croix, et il ne cessa tout le temps d’exhorter les fidèles à rester fermes dans leur foi et à, mépriser les souffrances passagères pour arriver au bonheur éternel. Plus de vingt mille personnes