Page:Segur - Actes des Apotres.djvu/263

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Grand’mère. Parce qu’elle était Chrétienne et qu’elle voulait assister au beau spectacle du martyre de ce saint Apôtre ; elle voulait y puiser du courage pour souffrir et mourir comme lui si le bon Dieu l’appelait au martyre. Mais pour ne pas avoir l’air de braver Égée, et pour ne pas attirer la persécution sur les Chrétiens, elle se mit à couvert dans une grotte, en face de la croix de saint André.

Maximilla, ayant donc remarqué que l’Apôtre avait cessé de vivre, alla, avec l’aide de ses serviteurs, détacher le corps de la croix. Elle l’embauma avec des parfums précieux, et l’ensevelit dans un tombeau qu’elle avait fait préparer pour elle-même.

Égée, l’ayant appris, fut très-irrité contre Maximilla. N’osant pas la faire arrêter, à cause de sa haute position, il résolut de porter plainte à l’Empereur. Mais pendant qu’il recevait la déposition des témoins, il fut saisi par un démon furieux qui l’entraîna sur la place publique et l’y étrangla.

Jacques. Je suis enchanté de cela. J’aime beaucoup ce démon-là ; il est juste, au moins.

Grand’mère, souriant. Cher enfant, je crois que ce démon ne mérite pas tes éloges. Le démon étant l’esprit du mal, ne peut rien faire de juste ni de bien. Il a étranglé Égée, non par esprit de justice, mais comme un bourreau terrible, pour le précipiter en enfer sans lui donner le temps de se repentir.

Stratocle, frère d’Égée, ne voulut pas hériter des biens de ce frère indigne. Il ne voulut même pas toucher à son argent ni à rien de ce qui lui avait appartenu. Il le fit cependant enterrer, mais dans un lieu isolé. Les habitants de Patras furent si épouvantés de cette terrible mort d’Égée, et si touchés du