Page:Segur - Actes des Apotres.djvu/270

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

courage, Ne pouvant pas marcher à cause de son grand âge, il monta à cheval, et prenant un guide, il alla dans les montagnes à la recherche de son enfant perdu.

Il ne tarda pas à rencontrer les sentinelles des bandits, qui se saisirent de lui. « Je viens, leur dit saint Jean, pour parler à votre chef. Je vous supplie de me mener à lui, car j’ai une chose importante, à lui communiquer. »

Les bandits se sentirent saisis de respect devant le grand âge de l’Apôtre et son aspect majestueux. Ils le menèrent vers leur jeune chef.

Le capitaine reconnut tout de suite son ancien Maître, et ne pouvant supporter la honte de se trouver en face d’un si saint homme, qu’il aimait et vénérait encore, il se mit à fuir pour se cacher dans la montagne. Mais le Saint le poursuivit.

« Mon enfant, pourquoi fuis-tu devant ton Père ? Que crains-tu d’un vieillard désarmé ? Mon fils, vois mes cheveux blancs ; aie pitié de ta jeunesse. Arrête-toi, mon cher fils ; c’est Jésus-Christ lui-même qui m’envoie vers toi ! »

À ces paroles, le jeune homme s’arrêta. Il demeura quelques instants, les yeux baissés, sans oser même lever la tête. Puis, jetant à terre ses armes, il courut vers le Saint qui l’appelait. Il fondit en larmes, il jeta de grands cris de désespoir, et ne pouvant résister à la grâce qu’il sentait renaître dans son cœur, il se précipita dans les bras de saint Jean et osa l’embrasser. Seulement il eut soin de cacher sa main droite sous son vêtement, pour que cette main, souillée de sang et de vol, ne touchât pas cet homme vénérable. Saint Jean, de son côté, l’embrassa, le serra dans ses bras ; et prenant cette main qu’il cachait, il la baisa, la mouilla de ses larmes, lui promit