Page:Segur - Actes des Apotres.djvu/274

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les plus puissantes ne purent parvenir à faire rouler ni même à soulever de terre cette pièce de bois immense.

« Je m’offre, dit alors saint Thomas, à la traîner moi seul jusqu’à la ville, si on me la donne pour construire mon église. »

Le Roi lui accorda bien volontiers la permission qu’il demandait, et il s’en moqua, croyant la chose impossible. Mais rien n’était impossible à ce fidèle serviteur de Dieu. Il attacha sa ceinture à un bout de la poutre ; il fit le signe de la croix, et prenant l’autre bout de sa ceinture, il traîna la poutre jusqu’aux portes de Méliapour avec autant de facilité que si elle n’avait rien pesé. Toute la ville fut témoin de ce miracle.

Le Roi Sagame se convertit avec toute sa cour ; les Princes, ses voisins, demandèrent aussi le baptême. L’église fut bâtie promptement avec l’aide du Roi et de tous les habitants ; saint Thomas plaça à quelque distance une grande croix de pierre qu’on voit encore, dit-on. Et il prédit que lorsque la mer, qui alors était éloignée de plusieurs lieues, viendrait mouiller le pied de cette croix, Dieu leur enverrait d’un pays éloigné, des hommes blancs qui leur prêcheraient de nouveau la vraie religion. En effet, quinze siècles après, la mer s’étant étendue jusqu’à la croix de pierre, les Portugais vinrent à Méliapour et amenèrent des prêtres missionnaires de la Compagnie de Jésus ; entre autres saint François Xavier. Ces nouveaux Apôtres prêchèrent le Christianisme.

Tant de succès mirent en fureur les Brachmanes. Voyant leur influence s’affaiblir, leurs richesses diminuer, ils résolurent de se débarrasser de saint Thomas. Un jour qu’il priait avec ferveur au pied de la croix, un de ces prêtres le tua