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Page:Segur - Bible d une grand mere part 1.djvu/172

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que par moments, quand on allait visiter le tombeau du défunt ; le reste du temps, on mangeait, on buvait, on se reposait.

Jacques. Mais cela devait être très-désagréable pour ce pauvre Joseph et pour ceux qui aimaient et qui regrettaient très-réellement son père.

Grand’mère. Sans doute, mais, d’après les usages du pays, c’était en même temps un honneur qu’on rendait à son père, ce qui consolait son cœur.

Les habitants du pays de Chanaan accouraient pour voir ces magnifiques funérailles ; ils étaient dans l’admiration, et ils disaient : « Voilà un grand deuil pour les Égyptiens ; ils ont perdu un grand personnage. »

Aussitôt après les funérailles. Joseph, accompagné de ses frères et de sa nombreuse suite, retourna en Égypte auprès du roi.

Après la mort de Jacob, les frères de Joseph eurent peur, et ils s’entre-disaient : « À présent que notre père n’est plus là, Joseph pourrait bien vouloir se venger du mal que nous lui avons fait et nous faire souffrir ce qu’il a souffert lui-même. »

Ils appelèrent donc un homme de confiance et lui dirent :

« Va chez notre frère Joseph, et dis-lui de notre part : Seigneur, notre père en mourant nous a chargés de vous demander d’oublier l’injure que vous avez reçue de nous, et de ne pas tirer vengeance de la malice noire dont nous avons usé contre vous. Ainsi, nous vous conjurons de nous pardonner. »

Quand Joseph eut entendu l’envoyé de ses frères, il pleura.

Henriette. Encore ! Cette fois, par exemple, il n’y avait pas de quoi.

Grand’mère. Si fait ; il y avait de quoi. Ce pauvre Joseph pleura, parce qu’il fut affligé que son père eut pu conserver la crainte d’une vengeance contre ses frères ; lui qui était si bon, et qui avait pardonné de si bon cœur au premier mot de repentir, devait croire que son père avait connu les sentiments de bonté et d’affection qui remplissaient son cœur, et qu’il était mort sans rien redouter