Page:Segur - Bible d une grand mere part 2.djvu/52

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

avons un perfide ennemi dont la cruauté retombe sur le roi même, puisqu’il ose lui enlever sa femme qu’il daigne aimer. — Qui est celui-là, qui est assez puissant pour oser le faire ? » répondit Assuérus bouillant de colère.

Esther reprit : « C’est cet Aman que vous voyez, qui est notre mortel ennemi. »

Aman, entendant ces paroles de la reine, demeura tout interdit, ne pouvant supporter les regards flamboyants du roi et les regards pleins de majesté de la reine.

En même temps, le roi, suffoqué de colère contre Aman, se leva et alla dans le jardin pour prendre l’air.

Aman se leva aussi de table, et, se jetant tout éperdu aux genoux d’Esther, lui demandait grâce, car il avait bien vu que le roi était résolu à le perdre.

À ce même moment, le roi rentra, et, voyant Esther tout effrayée et Aman, hors de lui, aux genoux de la reine, il s’écria avec fureur : « Comment ! Il ose toucher la reine, chez moi, en ma présence ! »

À peine ces paroles furent-elles sorties de la bouche du roi, que les courtisans couvrirent le visage d’Aman, et un des officiers attachés au service du roi lui dit : « Il y a une potence de cinquante coudées de haut, qu’Aman a fait préparer pour Mardochée, qui a sauvé la vie du roi. — Qu’Aman y soit pendu lui-même à l’instant ! » s’écria le roi, outré de colère.

Paul. Pourquoi a-t-on couvert le visage d’Aman ?

Grand’mère. Parce que c’était le signal de la condamnation à mort. Les courtisans, voyant le roi si irrité, ne doutèrent pas qu’il ne fît mourir Aman ; et, comme tous ils détestaient Aman, ils furent très-empressés de s’en débarrasser le plus tôt possible, de peur qu’il n’implorât sa grâce, et qu’elle ne lui fût accordée. Aussi, tu vois comme ils se dépêchent d’avertir le roi qu’il y a une potence, toute prête, dressée pour Mardochée, que le roi venait d’honorer d’une façon si éclatante.