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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/101

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mit ; le père Thomas dormit aussi, de sorte que, lorsqu’ils s’éveillèrent, la nuit commençait à tomber.

Le père Thomas sauta sur ses pieds.

« Lucas, Lucas, lève-toi ! Vite, en route ; nous avons encore une heure et demie de marche, et la nuit vient. »

Lucas fut sur pied avant que son père eût fini de parler. Il le suivit tout endormi, éreinté et ne pensant pas à la génisse ni à la corde qui n’était plus au bout de son bras.

La route qui restait à faire fut pénible et longue. Lucas se traînait avec peine derrière son père, qui hâtait le pas tant qu’il pouvait. La nuit était venue depuis une heure lorsqu’ils rentrèrent dans la ferme, harassés de fatigue.

« Te voilà donc enfin, Thomas ! Comme tu as été longtemps ! Voilà votre souper qui vous attend ; nous avons tous fini il y a plus d’une heure. Je m’en vais prendre la génisse et en avoir soin pendant que vous mangerez. »

À ce mot de génisse, la mémoire revint à Thomas et à Lucas. Elle était restée oubliée dans les bois.

« La génisse ! la génisse ! s’écria le père Thomas consterné. Qu’en as-tu fait, Lucas ? »

Lucas, effrayé, ne répondit pas.

La mère.

Il est tout endormi et ahuri. Laissez-le se reprendre.