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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/102

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Le père Thomas.

Il a perdu la génisse ! Il a lâché la corde !

La mère.

Perdu la génisse ! Ce n’est pas lui qui la conduisait, je pense bien.

Thomas.

C’est lui, bien sûr.

La mère.

Et tu as laissé cet enfant mener une bête qui se débat, qui s’agite pour retourner à l’étable !

Thomas.

S’il n’a pas assez de force pour mener une génisse, il n’est donc bon à rien !

La mère.

Pendant une heure, je ne dis pas, mais pendant quatre ou cinq heures ! Thomas, tu es devenu bien dur pour lui ; tu exiges qu’il passe ses journées à l’école ; au retour, tu l’éreintes de travail…

Thomas.

As-tu bientôt fini ? Il s’agit bien de Lucas ; il s’agit de la génisse que cet animal a perdue, et qu’il payera cher si elle ne se retrouve pas. C’est que me voilà bien embarrassé ! Je ne sais que faire. La chercher en pleine nuit n’est pas possible. Attendre jusqu’au jour, c’est qu’elle pourrait bien s’en aller au loin, et je perdrais les deux cent quatre-vingts francs que je l’aie payée. Imbécile, animal, continua-t-il en se retournant vers Lucas, si je ne la retrouve pas demain, je te ferai faire une visite à l’étable.