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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/217

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qu’il lui avait témoigné, l’entente parfaite de leurs idées ; il sentait naître dans son cœur, toujours sec et muet, un commencement d’affection et de confiance qui le surprit et le réjouit. Au lieu de se sentir seul dans le monde, sans intérêt autre que celui de s’enrichir et de se faire un nom connu, il entrevoyait un avenir d’affection. Seul, sans enfants, avec des parents éloignés qu’il n’aimait pas, il se demanda pour qui seraient ses richesses et sa gloire. Une vague idée de s’attacher Gaspard pour la vie par l’adoption, se présenta à lui ; mais il la repoussa.

« Il faut attendre, pensa-t-il. Je verrai plus tard. »

Le notaire fit l’acte demandé par Gaspard, le lui fit signer, et se dirigea vers la demeure du père Thomas ; quand il parut, la figure de Thomas se contracta.

Thomas.

Que me voulez-vous encore, monsieur le notaire ? Me voler ce qui me reste ? J’ai, pour me défendre contre les voleurs, des poings qui ont plus de force que les vôtres, et des gourdins qui vous couperont la parole avant que vous ayez commencé.

Le notaire.

Mais, père Thomas…

Thomas.

Taisez-vous ; je ne veux pas que vous prononciez mon nom, il est trop honnête pour passer par votre bouche.