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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/282

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droit de me sacrifier pour vous ; je le ferai avec empressement, avec joie, car moi aussi, mon père, moi qui n’avais jamais aimé, je vous aime et je me sens malheureux et troublé à la pensée du mal que peut vous faire ce méchant homme. Croyez-moi, mon père je serai plus heureux de vous donner ce témoignage d’affection pour conjurer les maux qui nous menacent, que je le serais en me conservant libre et indépendant, mais témoin continuel de vos inquiétudes et de vos chagrins.

La surprise de M. Féréor fit place à l’attendrissement.

« Mon fils, mon cher, excellent fils ! s’écria-t-il. Mon Dieu, qu’il est bon d’aimer et de se sentir aimé ! Je n’avais aucune idée de ce bonheur. En vérité, mon cher enfant, je ne sais si je dois accepter ton généreux sacrifice. Pense donc au mépris que nous avons pour cet homme ! à la répugnance que nous aurons de nous trouver sans cesse avec lui ! en contact d’affaires avec ce fripon, ce voleur !

Gaspard.

Je le sais, mon père ; je vous épargnerai le plus possible ce contact pénible et odieux. Vous me ferez connaître vos intentions, et je les lui transmettrai.

M. Féréor.

Et tu auras le courage d’appeler cet homme ton père ?