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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/313

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vers son mari, lui enleva sa cravate et demanda de l’eau fraîche. Gaspard en apportait ; ils mouillèrent le front, la nuque, les tempes du père Thomas, mais il ne revenait pas.

« Lucas, Lucas ! qu’on aille chercher Lucas ! cria la mère.

Gaspard.

Je cours l’avertir, ma mère. Où est-il ?

La mère.

Il laboure le champ des dix hectares. »

Gaspard y alla de toute la vitesse de ses jambes. Pendant que Lucas courut à la ferme, Gaspard alla chercher le médecin ; il était chez lui, et il accompagna Gaspard chez le père Thomas, qui était toujours dans le même état. Il le saigna : le sang ne coula pas. Après avoir employé inutilement tous les moyens possibles pendant plus d’une heure, le médecin tâta le pouls : il ne battait plus ; il écouta la respiration qui avait cessé.

« Il est mort, dit-il à l’oreille de Gaspard. Une apoplexie foudroyante l’aura frappé. »

Gaspard était consterné. C’était la joie des cinq millions qui avait tué le père Thomas. Lucas se précipita sur le corps de son père et sanglota. La mère poussa des cris lamentables. Après une heure de larmes et de sanglots, elle appela la fille de ferme et se mit à arranger convenablement le corps inanimé. Gaspard chercha à consoler Lucas qui pleurait amèrement.


Effet de la joie du père Thomas.