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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/374

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Gaspard.

Et pourquoi donc, chère enfant ? Qu’ai-je fait, mon Dieu, pour vous affliger ainsi ?

Mina.

Gaspard, mon cher Gaspard, vous ne m’aimez pas.

Gaspard.

Moi, je ne vous aime pas ! Qu’est-ce qui peut vous donner une pareille pensée ? »

Mina lui raconta ses réflexions et leur résultat.

À mesure que Mina développait ses griefs, le visage de Gaspard s’éclaircissait, il lui avoua ses vrais sentiments, la tendresse qu’il ressentait pour elle, son ardent désir de lui prouver sa vive affection et d’obtenir la sienne. Il continua :

« Je ferai donc comme les maris que tu connais, chère petite femme : je te tutoierai, je demeurerai près de toi, je te dirai bonjour et bonsoir en t’embrassant ; je ferai tout ce que tu voudras, tu auras toute ma confiance, tu me donneras toute la tienne, et tu me promettras de ne jamais douter de ma tendresse.

Mina.

Non, jamais, mon ami, jamais. Je serai heureuse et je ne pleurerai plus.

Gaspard.

Et tu me tutoieras, puisque tu veux que je te tutoie.

Mina.

Oui, Gaspard, je vous… c’est-à-dire… Veux-tu appeler ma bonne, Gaspard ?