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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/376

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tendresse, mon bonheur ; figurez-vous qu’elle croyait que je ne l’aimais pas.

Gaspard raconta à son père le détail des tristes pensées de Mina, la conversation qu’il venait d’avoir avec elle et son résultat.

« Les trois conséquences d’une affection sincère sont donc de la tutoyer, de demeurer près d’elle, de l’embrasser matin et soir. »

M. Féréor rit de bon cœur.

« Es-tu disposé à accorder ces trois preuves infaillibles ?

Gaspard.

Très disposé, mon père ; je regrette seulement de quitter votre voisinage.

M. Féréor.

Celui que tu auras vaut bien celui que tu perds. Tu penses bien que cela ne pouvait pas durer. C’était grossier et insultant pour elle. Te voilà donc avec un bonheur au grand complet.

Gaspard.

Oui, mon père, et toujours grâce à vous. Ne craignez pas, cher, excellent père, que cette nouvelle tendresse, née d’hier, diminue en rien celle que je vous porte, et qui a sa source dans la reconnaissance ; elle a grandi avec moi, elle est ma première affection ; elle ne peut ni s’effacer ni s’affaiblir. Mon nouveau sentiment pour Mina ne peut que développer le premier, le premier qui m’ait fait sentir que j’avais un cœur !

— Je te comprends parfaitement, mon fils, et je