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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/397

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M. Féréor.

Mais songe donc, ma pauvre enfant, que nous reviendrons dans huit jours ! Huit jours sont bien vite passés.

Mina.

Oui, mon père, quand ils sont passés ; mais quand ils sont à venir ?

M. Féréor.

Et puis, vois la figure de Gaspard, et combien tu l’attristes par ce chagrin déraisonnable.

Mina.

Est-ce vrai, Gaspard, que c’est mon chagrin qui t’afflige ?

Gaspard.

Oui, très vrai, ma petite Mina. Si tu supportais mieux mon absence, je partirais tranquille ; mais il est certain que de te laisser affligée comme tu l’es, est une vraie douleur pour moi qui t’aime si tendrement, et qui suis si malheureux de te voir souffrir.

Mina.

Mon bon cher Gaspard, pardonne-moi ; tu as raison, c’est déraisonnable à moi ; je serai très bien, tu verras ; et vous serez content de moi, mon père. D’abord, j’irai voir ma mère, je l’aiderai à faire son ménage ; j’irai me promener avec Lucas et ma bonne. J’irai voir M. le curé ; il me mènera chez des pauvres… Ah ! mon Dieu, je n’ai plus d’argent ! Ma bonne m’a prêté dix francs hier, et je les ai donnés à la femme d’un pauvre