Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/41

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Lucas.

Ne te chagrine pas, Gaspard, je vais t’aider ; nous allons avoir bientôt fini à nous deux, et tu arriveras encore à temps pour manger un morceau et boire un coup.

Gaspard.

Et toi donc ? Tu dois être fatigué.

Lucas.

Pas trop encore ; d’ailleurs, quand je le serais, je trouverais encore la force de te venir en aide.

Gaspard.

Merci, Lucas… Tu vois ce que c’est que le travail d’une ferme ! Et tu veux que je passe ma vie à suer, à m’éreinter, à m’ennuyer pour gagner à peine de quoi vivre ? Pas si bête ! Je puis faire mieux que ça, et je ferai à mon idée quand je serai plus grand.

Lucas.

Écoute, Gaspard ; il n’y a déjà pas tant de différence entre la fatigue du fermier et la fatigue de l’école. Seulement, mon travail m’est bon pour la santé ; il me donne de la force, de l’appétit et du sommeil ; et toi, avec tes livres, tu te fatigues la tête, tu deviens malingre, tu dors mal, tu rêvasses un tas de choses qu’on n’y comprend rien ; et, en somme, tu es fatigué plus que moi, tu es sérieux comme un âne et paresseux comme un loir. »

Tout en causant et en discutant, ils avaient fini leur ouvrage. Lucas s’était entendu appeler plu-