Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/307

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ment et de la plus vive affection. Les reproches de Mme de Roubier revinrent à la mémoire de Simplicie ; son orgueil, d’abord révolté, fut obligé de reconnaître la vérité de ses accusations ; elle rougit à la pensée du peu d’estime qu’elle inspirait ; elle regretta d’être reléguée seule dans un coin de l’hôtel, au lieu de s’amuser avec ces charmantes petites filles, si aimables, si bonnes, si aimées. Elle n’était pas encore changée, mais elle commençait à reconnaître qu’il y avait à changer en elle et à rougir de ses défauts. Elle eut le temps de réfléchir, de rougir et de soupirer, car, après le repas, Prudence et Coz rangèrent l’appartement, puis lavèrent et essuyèrent la vaisselle et les casseroles.

Il était deux heures quand ils eurent fini leur ouvrage ; on frappa à la porte.

« Entrez ! » cria Prudence.

C’était Mme de Roubier, avec Claire et Marthe, qui venait savoir des nouvelles de Simplicie, voir si elle ne manquait de rien et si elle ne désirait pas quelques livres.

Prudence ouvrit la porte ; Simplicie, étendue dans un fauteuil, s’y était profondément endormie ; elle n’entendit pas entrer ces dames, qui examinèrent avec curiosité et pitié les marques des soufflets de sa tante.

« Comment cette tante a-t-elle pu se porter à de tels actes de colère, demanda Mme de Rou-