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À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Paris, 24 avril 1861.


J’ai reçu ta bonne longue lettre, en retard de vingt-quatre heures, chère petite… J’ignore si j’aurai fini Gribouille à temps pour en recevoir le prix avant mon départ. Il me faut encore vingt-cinq jours de travail, y compris la lecture et correction; puis, la délibération de M. Hachette…

Henriette part lundi décidément: elle est encore chez le bourreau Y… et je crains qu’il ne condamne à mort une dent dont elle ne souffrait plus depuis longtemps, le nerf étant mort; il l’a plombée, je ne sais pourquoi, et a déclaré ensuite que cette dent lui ferait probablement mal et amènerait- probablement une succession d’abcès; que si elle souffrait par trop, ce qui arriverait probablement, il fallait l’arracher, seul remède possible. S’il persiste à conseiller l’extraction, puisqu’elle en souffre toujours, elle ira chez Delabarre. Y… n’est décidément bon que pour les soins de la bouche et surtout le plombage des dents ; il arrache mal ; on nous l’avait dit avant Élisabeth ; depuis, nous en sommes certains, car elle a eu la bouche meurtrie et en sang; elle en a souffert toute la journée. On (je ne me souviens plus qui) nous a raconté le soir que Y… avait fait à une petite fille de huit à dix ans (dont j’oublie le nom) un appareil de redressement de dents si torturant que l’enfanta dépéri, est tombée malade, et que le médecin appelé a déclaré qu’elle mourrait de cette