Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/176

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extrémités fâcheuses : ou bien t’éreinter à courir à Beauffay, ou bien rester privée des secours nécessaires à toute âme chrétienne. Tu es un peu dans la position de X… ; personne près de toi pour t’épauler, et de grandes difficultés pour avoir la messe et la sainte communion. Je t’envoye mon Curé d’Ars[1] qui t’intéressera beaucoup et qu’Émile lira aussi avec intérêt et profit. — Ton père vient de lire mon livre sans titre ; il le trouve très bien, très amusant et rien à redire; il me propose-un titre que je crois bon et que je soumettrai demain à mon juge Hachette… en lui portant le manuscrit : Petite Comédie humaine. Qu’en dis-tu[2] ? Pauvre Blaise a enfin paru ; j’en mettrai trois exemplaires pour les enfans dans le paquet qui finira par peser comme une maison. — On dit qu’il se fait une réaction dans la politique : l’Empereur déclare qu’il ne veut décidément pas abandonner le Pape ni ses droits temporels ; on va partager l’Italie en trois : le roi de Naples aura tout le midi; le Pape tout le centre et Galantuomo le Nord, ce qui forme, dit-on, une voiture complète : rotonde, intérieur, coupé. — À l’intérieur, on dit que Persi-gny lasse la patience de l’Empereur en fesant des coups de tête sans le consulter, comme la dissolution du Comité Directeur de Saint-Vincent de Paul. Pour parer à ce coup de Jarnac, l’Empereur a ordonné qu’on prît l’avis de toutes les Conférences de France pour la réélection du Comité. Si c’est vrai, c’est très bien.

  1. « Le curé d’Ars » par l’abbé Monnin.
  2. Je crois qu’il s’agit du livre paru sous le nom de Comédies et Proverbes.