Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/274

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J’ai su par Anatole qu’Adèle et Arthur étaient encore à Livet ; j’en suis bien contente pour toi et pour eux qui y sont en sûreté. – Adieu, chère petite ; je t’embrasse bien tendrement avec les enfans et tous les tiens. Que deviendra le cher petit Jacques ? Louis rentre à Vannes le 5. Un Père va le chercher à Bordeaux où les parents du Midi lui amènent leurs enfans ; à Vannes, tout est tranquille; c’est un pays religieux ; les prêtres n’y sont jamais inquiétés. Adieu, ma chère bonne fille, combien je regrette que nous ne soyons plus voisins : comme Jacques serait bien dans ce collège de Vannes, qui est si sain à habiter et qui est si bien composé de toutes les anciennes familles de Bretagne! Je ne vais pas mal.



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À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Kermadio, 4 octobre 1870.


Chère petite, j’ai reçu hier une lettre très longue, très détaillée du pauvre Émile, qui m’annonce ton départ et les larmes qui l’ont accompagné[1]

Je suis inquiète de votre voyage au milieu de ces routes obstruées par les éclaireurs des Prussiens et des interruptions de chemin de fer et des difficultés de toutes sortes. Vos bagages auront eu de la peine à vous suivre et à vous rejoindre. Quant à Émile, sois tranquille sur son compte[2] ; les Prussiens

  1. Mon mari nous envoyait dans le Midi.
  2. Il voulait se faire franc-tireur, dès que l’invasion aurait atteint Livet.