Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/275

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siens

ne viendront pas se faire tuer dans ce dédale de haies, de bois, de vallées, de hauteurs ; c’est ce qu’ils évitent toujours et ce qui les empêchera d’envahir notre portion de Normandie et de Bretagne[1]. Émile est plein d’énergie et de courage ; je suis sûre qu’il se montrera très bien pendant tout ce désordre.

…Écris-moi le plus que tu pourras. J’espère qu’après la pacification et ton retour à Livet, je pourrai y aller passer quelque temps près de vous ; il y a un an que je ne vous ai vus tous ; mon pauvre Jacques travaille-t-il un peu au milieu de ces désordres guerriers ?… Je t’embrasse bien tendrement avec les enfans…



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À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Kermadio, 19 octobre 1870.


Chère enfant, j’ai envoyé à Jacques une lettre que j’avais reçue d’Émile, qui attendait toujours les Prussiens ; mais il n’aura pas eu leur visite, caries grandes pertes qu’ils ont déjà essuyées et qu’ils continuent à essuyer tous les jours, les obligent à rappeler leurs corps expéditionnaires…

J’espère et j’attends l’arrêt de la justice de Dieu[2]. Ils ont voulu vaincre, ruiner et démembrer la France ;

  1. Ils y sont venus quelques semaines avant l’armistice.
  2. Partout dans la campagne on partageait ces illusions de ma pauvre mère, entretenues par les fausses nouvelles de victoires, mot d’ordre évidemment donné par M. de Bismarck pour accroître notre découragement et le désordre moral universel.