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Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/29

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l’amour du lucre ; l’orgueil de positions héréditaires et la préoccupation industrielle et commerciale se font sentir en tout et partout. Je n’aimais pas l’Angleterre d’instinct, maintenant c’est avec raisonnement que je la déteste. Et pourtant ils m’ont vendu un charmant plaid pour toi ; s’il ne te plaît pas, tu sauras du moins qu’il est du dernier goût et du plus fashionable modèle ; il est un peu sombre, mais élégant. Je l’enverrai à Paris par courrier comme ceux d’Anatole et d’Armand (tu vois que je ne veux pas faire de jaloux). Je ferai de même pour le paletot d’Olga, gris et charmant, et soyeux et chaud. J’envoie tout cela petit à petit par les courriers de l’ambassade pour éviter des confiscations et des avanies à mon retour. Mon zèle à faire les commissions de ma petite Olga sera réglé par l’état sanitaire de ma bourse ; elle est dans un état de consomption perpétuelle qui rend mortelles les saignées extraordinaires. Woldemar emporte ma lettre pour la mettre à la poste à Paris ; il en promet une détaillée à Olga sur toutes les péripéties de son voyage de huit jours ; il lui exposera les résultats de son étonnante sagacité, de sa haute intelligence ; il a vu à Londres en huit jours ce qu’il y a de réellement intéressant à voir ; il a tout vu à pied sans jamais se perdre ; il a acheté, mangé dans des tavernes, payé, etc., sans savoir un mot d’anglais et sans avoir rencontré personne qui sût ou comprît le français. Il revient à Paris fier comme un héros-voyageur et enchanté de sa semaine. Je suis enchantée que sa complaisance pour moi ait été payée par tant de satisfaction. Nathalie va toujours bien, à