Chère petite, je reçois ta lettre et je ne comprends pas bien s’il faut ou non t’envoyer la calèche et Hutfer à Conches. Ce n’est pas le cas de dire : « Dans le doute, abstiens-toi », et si tu ne me donnes pas contre-ordre, je t’envoie la calèche mercredi. La correspondance est plus atroce que jamais; un empilage barbare, deux pauvres chevaux sans relais qui mettent quatre heures et demie a faire les huit lieues et demie qu’on devrait faire largement en trois heures avec quatre chevaux et un relais; à Neuve-Lyre, un arrêt de cinq à six minutes… Bouland a été retardé par les pluies continues, par la coupe terrible de bois, pour laquelle il n’a pas trouvé d’ouvriers comme d’habitude; et quelle coupe, grands dieux! J’en aurais gémi et versé des larmes anières, si je n’avais appelé à mon aide ma philosophie chrétienne; mais prépare-toi à bondir! il y a eu malentendu; je parlais du taillis, il parlait des gros arbres; je parlais de ce qui borde le chemin du bois de la glacière, il parlait de ce qui borde le chemin du Châlois; tu devines le reste. J’ai un superbe hangar, beaucoup de bois, mais à quel prix ! Plus d’ombre au chemin du Châlois, depuis le chemin qui monte près de la glacière, jusqu’au bout. Tout coupé. C’est irréparable, voilà pourquoi je me résigne. N’en souffle mot à ton père; il se moquerait de moi…. Confie seulement