Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/144

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Hélène lui tourna le dos et se mit à table pour écrire. Jules resta un instant indécis s’il resterait chez Hélène pour la contrarier, ou s’il irait se plaindre à son père ; il finit par quitter la chambre, et il se dirigea vers le cabinet de M. de Trénilly, qui était alors occupé à lire.

« Papa, dit-il en entrant, je viens vous dire que c’est bien triste pour moi d’avoir une si mauvaise sœur ; elle croit tous les mensonges que lui fait Blaise et elle vient de me dire toutes sortes d’injures, prétendant que je mentais, que Blaise valait cent fois mieux que moi, qu’elle voudrait bien l’avoir pour frère, et qu’elle serait enchantée si vous me chassiez pour me mettre au collège.

— Hélène est une sotte, répondit M. de Trénilly ; elle est entichée de ce mauvais garnement de Blaise ; mais, aujourd’hui, j’excuse son humeur, et je ne lui en dirai rien, parce qu’elle est irritée d’avoir perdu ses poulets.

— Mais, papa, ce n’est pas ma faute si Blaise a volé ses poulets. Pourquoi faut-il que ce soit moi qui reçoive des injures, parce que son Blaise a menti ?

— Que veux-tu que j’y fasse, mon ami ? Tu sais que je ne me mêle pas de l’éducation de ta sœur ; va te plaindre à ta mère, si tu veux, et laisse-moi finir un travail très-sérieux qui doit être terminé cette semaine. Va, Jules, va, mon garçon. »