Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/204

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dans sa voix, dans tout son air quelque chose que je ne puis m’expliquer, mais qui me donne une estime, une confiance qui augmentent à chaque démêlé que j’ai avec lui. Et c’est pourquoi, mon Jules, je te demande encore avec instance un seul mot. Blaise a-t-il quelque chose à nous pardonner à toi et à moi ? Je ne t’en demanderai pas davantage, je te le promets ; est-ce oui ou non ?

— … Oui », répondit enfin Jules en baissant la tête et les yeux.

Quand Jules releva la tête, son père était parti. Inquiet, effrayé, il alla le chercher dans sa chambre ; il n’y trouva personne. Il sonna un domestique.

« Où est papa ? dit-il ; est-il sorti ?

— Oui, monsieur Jules ; M. le comte vient de sortir ; il a descendu l’avenue du côté d’Anfry. »

L’inquiétude de Jules augmenta. Qu’est-ce qu’il était allé faire chez Anfry ? Il aura voulu sans doute questionner Blaise.

« Ce vilain Blaise lui aura raconté tout ce qui s’est passé, se dit Jules, et papa va être furieux contre moi. Il est impossible que Blaise ne lui raconte pas tout ; j’ai été un peu méchant pour lui, et il sera enchanté de se venger… Et papa qui croit tout ce qu’il dit, je ne sais pas pourquoi… c’est-à-dire je sais bien pourquoi… Il est vrai qu’on ne peut pas ne pas le croire quand