Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/205

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il parle ; il a un air si honnête… et véritablement il est bon… le pauvre garçon ! Comme je l’ai traité hier !… Et c’est lui qui vient me dire qu’il a été orgueilleux et sot, et qui a l’air de me demander pardon… Pauvre Blaise ! »

Pendant que Jules faisait ces réflexions, M. de Trénilly marchait à pas précipités vers la maison d’Anfry. Il y trouva Blaise, les yeux rouges, l’air triste, qui était en train de raconter à son père la cause de son nouveau chagrin. M. de Trénilly marcha droit vers Blaise, à la grande frayeur de ce dernier, qui recula de quelques pas pour éviter le contact du comte. Il fut très-surpris quand il vit le comte lui saisir la main, la presser fortement, et lui dire d’une voix émue :

« Jules et moi, nous avons eu tort, Blaise ; j’accepte ton pardon et je t’en remercie ; tu es un brave et honnête garçon, je te l’ai dit ce matin ; je t’estime et je te crois. Reviens au château sans crainte, quand tu voudras et partout où tu voudras. Adieu, Blaise, au revoir, et bientôt, j’espère. Bonsoir, Anfry ; je vous félicite d’avoir un fils pareil.

— Merci, Monsieur le comte ; c’est bien de l’honneur que vous nous faites. »

Le comte tenait encore la main de Blaise ; le pauvre garçon, tremblant et ému, se permit de presser à son tour la main qui pressait la sienne.