Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/280

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tu fais, et pense souvent à moi, comme je pense souvent à toi. Adieu, mon cher Blaise, je t’embrasse de tout mon cœur ; embrasse pour moi ton papa et ta maman.

« Ton ami, Jacques de Berne. »


« Quelle bonne lettre ! s’écria Blaise. Il ne m’oublie pas, ce pauvre M. Jacques ! S’il m’avait interrogé l’année dernière sur ce qu’il me demande aujourd’hui pour M. le comte et ses enfants, j’aurais été bien embarrassé de répondre ; mais aujourd’hui… c’est différent !… Il y a une chose, dans la lettre de M. Jacques, qui me paraît drôle, comme il le dit lui-même, ajouta Blaise en riant, c’est qu’un incendie ait pu changer la couleur des souris.

Anfry.

C’est pourtant très-possible, car j’ai entendu raconter bien des fois à ton grand-père, qui a été soldat sous l’empereur Napoléon Ier, que, lors de l’incendie de Moscou, en 1812, quand on est rentré dans les maisons que le feu n’avait pas atteintes, toutes les souris qui couraient au travers étaient blanches comme des lapins blancs.

Blaise.

C’est singulier que la frayeur puisse produire un pareil effet sur des animaux !

Anfry.

Vas-tu répondre à M. Jacques ?