sant de l’amitié que me témoignent Mlle Hélène et M. Jules, mais je vous supplie instamment, mon cher, bien cher monsieur le comte, d’empêcher la visite qu’ils veulent me faire en cachette de Mme la comtesse. Je ne peux pas les fuir, puisque je suis retenu dans mon lit par l’accident que le bon Dieu m’a envoyé. Et comment aurais-je la force de ne pas leur parler, de ne pas les remercier d’une affection dont je suis si profondément touché, et que je partage si vivement ? Comment ferais-je pour ne pas manquer à ma parole, pour ne pas enfreindre la défense de Mme la comtesse ? Mon bon monsieur le comte, venez à mon secours ; en cela comme en tout, soyez mon guide, mon protecteur, mon bon maître. Ne les laissez pas croire à de l’ingratitude de ma part ; non, non, mon cœur est plein de tendresse et de reconnaissance pour eux, pour vous ; mais voyez, cher monsieur le comte, puis-je honnêtement, loyalement recevoir leur visite, connaissant la défense de Mme la comtesse ? C’est pour moi une grande tristesse, un terrible effort de les repousser quand ils me demandent ; j’en suis malheureux, et mes larmes, que je ne puis retenir, coulent sur mon papier. Cher monsieur le comte, venez me donner du courage, venez me tendre votre main chérie pour que je la couvre de baisers et que je la serre contre mon cœur, ce cœur qui bat pour
Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/323
Apparence