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Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/353

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Le comte.

C’est bien vrai ; dans le temps où j’avais conçu de lui une si mauvaise et si injuste opinion, j’ai éprouvé la puissance de sa parole, de son accent, de son regard même. Ma femme a ressenti la même impression chaque fois qu’elle l’a entendu expliquer plutôt que justifier sa conduite, et Jules a subi aussi la puissance de cette vertu. »

Tout en causant, ils étaient sortis de l’église. Hélène suivait d’un peu loin avec Jules et Blaise ; ils étaient silencieux, mais leurs visages rayonnaient de bonheur. Le curé prit congé du comte ; ils se mirent tous en route pour rentrer chez eux. Les enfants marchaient en avant, le comte et la comtesse les contemplaient avec tendresse.

« De quel bonheur j’ai manqué me priver, mon ami, dit la comtesse en essuyant ses yeux encore humides.

— Et quelle vie différente et heureuse nous allons mener ! ma chère Julie, dit le comte en lui serrant les mains dans les siennes. Nous avions tous les éléments du bonheur, et nous ne savions pas en user ; nos cœurs dormaient en nous, et nous végétions misérablement.

La comtesse, avec gaieté.

Mais les voilà bien éveillés, maintenant, mon ami ; ne laissons pas revenir le sommeil.