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Page:Selden – Les Derniers Jours de Henri Heine, 1884.djvu/91

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long, il me raconta qu’il avait rêvé de son père : « On le coiffait, je l’apercevais comme à travers un nuage de poudre. Cependant moi, tout joyeux de le revoir, je voulus me précipiter vers lui. Mais, chose bizarre, à mesure que je me rapprochais, les objets se brouillaient et prenaient une autre forme. Ainsi, quand je voulus embrasser les mains de mon père, je reculai, saisi d’un froid mortel ; les doigts étaient des branchages desséchés, mon père, lui-même, un arbre dépouillé, et que l’hiver avait recouvert de givre… »

On le voit, le poète demeurait poète jusque dans ses rêves, ou plutôt son génie toujours maître de la forme lui assujettissait jusqu’aux imaginations qu’enfantait son délire. Le cauchemar devenait un poème.

Un jour, il fit un autre rêve plus singulier encore, le rêve qui devait lui fournir le sujet de son dernier poème, celui qu’il intitula la Fleur de la Passion, et dont on