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LE NOTAIRE JOFRIAU

Michel la taquina fort à propos de ses refus obstinés devant la recherche dont elle était l’objet.

— Dites-moi, petite Suzanne, attendez-vous donc le Prince Charmant ?

— Le Prince Charmant ! !… reprit Suzanne sur un ton d’où le badinage était exclus ; je n’épouserai que l’homme qui aura su gagner mon cœur. Si celui-là ne répond pas à ma tendresse, je n’aimerai jamais ailleurs.

Le jeune homme s’aperçut qu’il s’était engagé sur un terrain dangereux et fit adroitement dévier la conversation. Quelques jours plus tard, Mlle Duval-Chesnay apportait à Michel le livre qu’elle lui avait promis.

— Voici « Princesse de Clèves ». Voulez-vous toujours le lire ?

— Certainement, Suzie, je suis sûr d’y prendre grand plaisir. Et le soir même, il commençait la lecture de ces pages exquises où madame de la Fayette « transpose le tragique cornélien dans le roman ».

À un certain mouvement que fit Michel, le livre s’échappa de ses mains et, tombant sur le parquet, s’ouvrit à un endroit où étaient glissés des feuillets de parchemin qui s’éparpillèrent. En les ramassant, ses yeux tombèrent sur ces lignes :

« Fait-il soleil ou le ciel est-il sombre au-dehors ? Je ne sais, toute lumière venant de l’intérieur de