Page:Senancour - Rêveries sur la nature primitive de l’homme, 1802.djvu/229

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n’aura tranché la difficulté que pour la voir renaître en l’augmentant même par l’invraisemblance d’une supposition purement gratuite, que rien n’indique dans la nature, qui n’est évidemment produite que par le désir de conserver l’opinion de l’immortalité, et qui multiplie en vain les moyens de la nature, en réunissant trois substances pour faire l’homme seul, tandis que deux (qui ne sont proprement que deux modifications différentes d’une même substance) expliquent tout l’univers ; et que nous voyons tout s’opérer par la réunion et la combinaison de deux contraires, et jamais de trois moyens élémentaires.

Si l’ame étoit une substance distincte et simple, nous ne pourrions penser et sentir à la fois ; desirer une chose, en redouter une autre ; résoudre un problème en savourant un parfum ; jouir à la fois par un sens et souffrir par un autre ; mais, dans l’hypothèse présente, tout cela s’explique naturellement, et sans distinguer deux âmes par la diversité d’action des deux principes.

Cette unité de sentiment et de pensée, dont on prétend déduire l’indivisibilité du principe qui sent et pense, afin de prouver par là sa spiritualité et son immortalité ; cette unité,