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lui, et lui-même plus grand que tout autre être ; et c’est la source première de toutes nos chimères sur l’importance et la durée de notre être. Nous pouvons estimer les relations particulières des choses dans leurs rapports avec notre individu ; cette seule connoissance est utile, elle seule peut être certaine ; mais nous manquons de données pour l’estimation, d’ailleurs inutile, des différences et des rapports généraux ; et quant aux essences, elles ne peuvent être connues de nulle intelligence. Si la nature entière nous étoit connue, cette connoissance absolue des choses nous seroit inutile ; car tout est nécessaire. Il n’existe qu’une vérité absolue mais les vérités relatives sont les modérateurs de la vie.

Notre volonté n’est point une cause première et libre, mais un effet nécessaire de causes antérieures. Comment la volonté paroît libre ; comment la volonté forte paroît conduire aux succès ; et comment la confiance s’accorde avec la prospérité et l’annonce même en quelque sorte.