rences[1] réelles et essentielles, il faudroit connoître la nature entière ; pour connoître ainsi la nature, il faudroit l’avoir toute entière éprouvée, avoir vécu dans toutes ses parties, les avoir toutes senties, avoir réagi sur toutes. Cette expérience de toutes choses étant impossible à l’espèce humaine, sa science sera donc toujours incomplète et vaine.
Mais l’homme peut avoir la science suffisamment parfaite des rapports les plus directement propres à ses besoins qui existent entre lui et les choses extérieures les plus ordinaires.
- ↑ Je ne dis pas pour connoître leur essence. Elle ne peut être connue de nulle intelligence.
Pourquoi prétendre parvenir à définir la matière, etc. N’est-il pas évident que nous ne saurions avoir d’autres connoissances que celles produites par les différences entre les sensations reçues des divers objets. La connoissance de l’être n’existe point ; ou si elle existe, il nous est impossible de concevoir même sa possibilité. Toute intelligence n’est que la science des rapports, l’estimation des différences entre les sensations comparées. Si l’universalité des êtres a la conscience, le sentiment d’elle-même, son intelligence ne peut être d’une autre nature que celle de l’individu animé. C’est peut-être en ce sens que l’on a dit que l’homme étoit fait à l’image de l’ame universelle.