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Page:Senancourt Obermann 1863.djvu/223

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l’est, ou qu’il devrait l’être, que des étourdis, qui en finissant leurs humanités ont fait un madrigal, décident que Stahl, Becher, Paracelse, ont mérité les Petites-Maisons.

Allez voir vos jasmins ; laissez mes doutes et mes preuves. Je cherche un peu de délire, afin de pouvoir au moins rire de moi : il y a un certain repos, un plaisir, bizarre si l’on veut, à considérer que tout est songe. Cela peut distraire de tant de rêves plus sérieux et affaiblir ceux de notre inquiétude.

Vous ne voulez pas que l’imagination nous entraîne, parce qu’elle nous égare ; mais quand il s’agit des jouissances individuelles de la pensée, notre destination présente ne serait-elle pas dans les écarts ? Tous les hommes ont rêvé ; tous en ont eu besoin : quand le génie du mal les fit vivre, le génie du bien les fit dormir et songer.

LETTRE XLVIII.

Méterville, 1er septembre, VI.

Dans quelque indifférence que l’on traîne ses années, il arrive pourtant que l’on aperçoive le ciel dans une nuit sans nuages. On voit les astres immenses ; ce n’est pas une fantaisie de l’imagination, ils sont là sous nos yeux : on voit leur distance bien plus vaste, et ces soleils qui semblent montrer des mondes où des êtres différents de nous naissent, sentent et meurent.

La tige du jeune sapin est auprès de moi, droite et fixe ; elle s’avance dans l’air, elle semble n’avoir ni vie ni mouvement ; mais elle subsiste, et si elle se connaît elle-même, son secret et sa vie sont en elle : elle croît invisiblement. Elle est la même dans la nuit et dans le jour ; elle est la