Page:Senancourt Obermann 1863.djvu/271

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cité. Pour la savante harmonie, ses beautés me sont étrangères ; ne sachant pas la musique, je ne jouis pas de ce qui n’est qu’art ou difficultés.

Le lac est bien beau, lorsque la lune blanchit nos deux voiles ; lorsque les échos de Chillon répètent les sons du cor, et que le mur immense de Meillerie oppose ses ténèbres à la douce clarté du ciel, aux lumières mobiles des eaux ; quand les vagues se brisent contre nos bateaux arrêtés ; quand elles font entendre au loin leur roulement sur les cailloux innombrables que la Vevayse a fait descendre des montagnes.

Vous, qui savez jouir, que n’êtes-vous là pour entendre deux voix de femme, sur les eaux, dans la nuit ! Mais moi je devrais tout laisser. Cependant j’aime à être averti de mes pertes, quand l’austère beauté des lieux peut me faire oublier combien tout est vain dans l’homme, jusqu’à ses regrets.

Étang de Chessel ! Là, nos promenades étaient moins belles, et plus heureuses. La nature accable le cœur de l’homme, mais l’intimité le satisfait : on s’appuie mutuellement, on parle et tout s’oublie.

J’aurai le lieu en question ; mais il faut attendre quelques jours avant d’obtenir les certitudes nécessaires pour terminer. Je ferai aussitôt commencer les travaux : la saison s’avance.

LETTRE LXII.

Juillet, VIII.

J’oublie toujours de vous demander une copie du Manuel de Pseusophane : je ne sais comment j’ai perdu celle que j’avais gardée. Je n’y verrai rien dont je dusse avoir besoin d’être averti ; mais, si je le lis les matins, il me