Page:Senancourt Obermann 1863.djvu/360

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Il faudra s’élever contre le désordre, tant que le désordre subsistera. Ne voyons-nous pas tous les jours de ces choses qui sont plutôt la faute de l’esprit que la suite des passions, où il y a plus d’erreur que de perversité, et qui sont moins le crime d’un particulier, qu’un effet presque inévitable de l’insouciance ou de l’ineptie publique ?

N’est-il plus besoin de dire aux riches dont la fortune est indépendante : Par quelle fatalité vivez-vous plus pauvres, plus inquiets que ceux qui travaillent à la journée dans vos terres ?

De dire aux enfants qui n’ont pas ouvert les yeux sur la bassesse de leur infidélité : Vous êtes de véritables voleurs, et des voleurs que la loi devrait punir plus sévèrement que celui qui vole un étranger. Au vol manifeste, vous ajoutez la plus odieuse perfidie. Le domestique qui prend est puni avec plus de rigueur qu’un étranger, parce qu’il abuse de la confiance, et parce qu’il est nécessaire que l’on jouisse de la sécurité, du moins chez soi. Ces raisons, justes pour un homme à gages, ne sont-elles pas bien plus fortes pour le fils de la maison ? Qui peut tromper plus impunément ? Qui manque à des devoirs plus sacrés ? A qui est-il plus triste de ne pouvoir donner sa confiance ? Si l’on objecte des considérations qui peuvent arrêter la loi, c’est prouver davantage la nécessité d’éclairer l’opinion, de ne pas l’abandonner comme on l’a trop fait, d’en fixer les variations, et surtout de la faire assez respecter pour qu’elle puisse ce que n’osent pas nos lois irrésolues.

N’est-il plus besoin de dire à ces femmes pleines de sensibilité, d’intentions pures, de jeunesse et de candeur : Pourquoi livrer au premier fourbe tant d’avantages inestimables ? Ne voyez-vous pas dans ses lettres mêmes, au milieu du jargon romanesque de ses gauches sentiments, des expressions dont une seule suffirait pour déceler la