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étudier le vrai caractère, les origines et l’histoire du Mahâpurusha ; la seconde à analyser et à interpréter les traits définis sous lesquels il se présente, avec ses congénères, Cakravartin et Buddha, dans la tradition qui nous occupe.


I

Les signes du Mahâpurusha, leur caractère général. — Point de comparaison dans le brâhmanisme. Purusha dans les Védas et dans la période suivante. Les Mahâpurushas de Varûhamihira.

Suivant la légende unanimement acceptée par les buddhistes, le Bodhisattva nouveau-né porte, clairement apparents sur sa personne, une série de signes merveilleux. En les voyant, le ṛishi Asita[1], miraculeusement arrivé de l’Himavat à travers l’espace, reconnaît (et c’est là leur importance propre) qu’une double voie s'ouvre devant Siddhârtha : s’il reste dans son palais, il sera un Cakravartin ; s’il renonce au monde, il deviendra un Buddha parfaitement accompli[2]. (Lal. Vist. p. 118 et suiv. cf. p. 16.) Ce sont les « mahâpurushalakshaṇâni » qui, plus exactement, se décomposent en trente-deux lakshaṇas

  1. Sur ce personnage, cf. Kern. Bṛihat Sam̃h, préf. p. 41.
  2. Un passage semble pourtant faire des trente-deux lakshaṇas le privilège du Buddha, à l’exclusion du Cakravartin. Le ṛishi Asita dit à Çuddhodana (Lal. Vist. p. 121, l. 8 et suiv.) : « Na ca Mahârâja cukravartinâm evam̃vidhâni lakshaṇâni bhavanti ; bodhisatvânâṁca tûdṛiçâni lakshaṇâni bhavanti ; » mais le « ca » qui suit « bodhisatvânâṁ » prouve que cette leçon (malgré le traducteur tibétain, qui parait l'avoir eue sous les yeux, — Foucaux, Rgya tcher rol pa. II, 108) est incorrecte, et suppose dans le premier membre de phrase « cakravartinâm evaivam̃vidhâni…, » qui satisfait à la syntaxe et au sens (cf. 118, 12. etc.)