Page:Servan - Réflexions sur les Confessions de J. J. Rousseau, 1783.djvu/16

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trouver dans ces ouvrages aſſez de bien pour dédommager de ces maux particuliers ?

N’y eût-il dans la publication de la première partie des Confeſſions de Rouſſeau, d’autre inconvénient que d’en faire craindre la ſuite, il n’en faudroit pas davantage pour la rendre odieuſe. C’eſt une opinion, en effet, très-conſtante, très-publique, que les Confeſſions de Rouſſeau ont une ſuite, & le commencement même ſemble promettre la fin : comment ſe figurer que Rouſſeau ait pris la peine de remonter jusqu’à ſon berceau, qu’il ait débrouillé le chaos de ſon enfance & de ſa première jeuneſſe, cherché la trace de tous ſes pas, rappelé à chaque inſtant des ſentimens & des penſées égarées dans 40 ou 50 années, pour s’arrêter tout-à-coup, comme à une limite ſacrée, vers cette époque de ſa vie où toutes les traces, tous les ſentimens, toutes les penſées étoient récens, où tout étoit, pour ainſi dire, palpitant & vivant encore ? Qui s’eſt donné tant de ſoin pour, le paſſé, ne néglige pas le préſent : c’eſt ce que le Public a dit & ce qu’il a dû dire. On eſt allé même jusqu’à aſſigner l’époque préciſe où cette ſuite devoit paroître : ſi le Public eſt dans l’erreur, la faute en eſt à l’ouvrage même qui l’y entraîne.

Qu’eſt-ce donc que les Confeſſions de Rouſſeau ? Une espèce de veſtibule aſſez garni de portraits du tems paſſé, mais qui paroît principalement deſtiné pour conduire à quelque grand ſallon tout rempli des portraits de nos contemporains de toutes les profeſſions, de tous les ſexes & de tous les pays. Le ſallon eſt fermé, il eſt vrai ; mais on ſait que la clef